La ronde et le sillon

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À plusieurs niveaux, j’aimerais questionner le spectateur : existe-t-il une bonne distance ? Existe-t-il un juste milieu entre un espace personnel trop étendu et une proximité bientôt étouffante ? Entre une œuvre d’art explicite, offrant une zone de liberté au spectateur et la contrainte dans sa lecture, jalonnée par une série d’obstacles ?
La bonne distance est finalement ce que recherche le protagoniste de mon animation. Ces questions, auxquelles je ne peux apporter de réponse sont en filigrane de tous mes projets..
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Vue de l’installation La ronde et le sillon dans l’exposition Panorama 16 – SOLUS LOCUS, 2014

La ronde est le sillon est une installation de Pauline de Chalendar en espace ouvert, un dispositif multimédia composé de deux parties : un film d’animation et une sculpture à échelle et forme humaine, placé face à l’animation.

Cette installation produite en 2014 était présentée au Fresnoy – Studio national dans l’exposition Panorama 16 – SOLUS LOCUS, du 6 juin au 20 juillet 2014.

La ronde et le sillon dévoile l’errance d’un regard ingénu dans un paysage de fusain. Peu à peu, la rencontre d’hommes-symboles et de métaphores colorées l’interpellent. Oscillant entre abstraction et figuration, je m’interroge sur l’équilibre entre contrôle et lâcher prise dans la création, entre savoir précisément et tourner en rond.

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Croquis de l’installation par Pauline de Chalendar

L’espace quant à lui est investi par la présence physique et troublante d’un de nos semblables, contemplateur immobile perméable aux sensations colorées. Sa relation avec l’écran prend la forme d’une conversation que chacun est libre de rejoindre et ainsi faire ronde.

Teaser de l’installation

Les rapports sociaux au quotidien présentent une étrange complexité qui me dérange et me fascine. Récemment, je réalise l’importance de l’espace et du mouvement lors d’une situation d’échange, profonds et subtils porteurs de sens quant à la direction que prend l’interaction en cours. Bien que gourmande de lectures sociologiques et anthropologiques, mon interprétation est davantage de l’ordre de l’indicible et de l’intuition : les idées naissent de curiosités et d’observations dans les parages et dans la période sensible de création.

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L’animation

La ronde et le sillon est un film d’animation réalisé au banc-titre, film sur pellicule couleur 16mm avec filtre polarisant, format 4/3, boucle numérisée par la suite (télécinéma) pour une diffusion via vidéoprojecteur 4/3.

Le banc-titre ou banc d’animation est un appareil utilisé au cinéma, principalement pour la réalisation de films d’animation. Un banc-titre est constitué d’une ou deux colonnes soutenant une caméra fonctionnant image par image. Cette caméra se déplace sur la colonne pour effectuer un travelling vers une table où sont fixés des dessins ou documents plats.

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Les dessins composant l’animation sont réalisés par Pauline de Chalendar sur supports papier et plaque de verre à l’aide d’outils tels que le fusain, la poudre graphite et la mine de plomb pour le noir et blanc, la peinture à l’huile (lavis) pour la couleur.

L’animation oscillera librement entre scènes d’abstraction et de figuration. Je crois que certains passages demandent une recherche de la sensation colorée, d’échelle et de distance quand d’autres s’imposent figuratifs comme moments clés.

Les Terres, paysages au fusain composant l’animation

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L’action se passe dans un désert, paysage ni abstrait ni figuratif. En caméra subjective, on suit – on est – la déambulation d’un individu «nouveau-né», un être ingénu. Il s’éveille, ouvre les yeux et entre en errance dans un mouvement de marche intuitif. Il (on) semble se mouvoir sans but, dans un espace neutre mais étrange – étrange
parce qu’apparemment vide et infini-. Le paysage, comme le protagoniste, comme nous, est en attente.

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Scrollez vers la droite pour naviguer dans la galerie.

Le paysage du désert, si lisse et neutre au début, sera imperceptiblement densifié et complexifié au fil des rencontres. Pour se présenter au dernier regard comme un espace chargé et organisé, plus étroit et plus riche, à l’image de la difficile variété des rapports sociaux.

Story-boards

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Au cours de son périple, le protagoniste rencontre d’autres individus, parfois en groupe, parfois seuls, parfois éléments de décors, formes abstraites ou accessoires. Il échange avec eux dans un rapport spatial-social et sa réaction, découlant de l’observation sera elle aussi variée, allant du rejet complet au désir de faire corps. Le cerceau, objet représentatif de l’espace personnel mais aussi du jeu enfantin et de possibles chorégraphies apparaît à plusieurs reprises.

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La sculpture

La sculpture ressemble à un homme, mais avec plusieurs variantes, extensions de mes dessins. J’aimerais qu’à la place d’un torse et d’une tête se trouve une forme ovoïde, comme un grand dos lisse, qui sera la surface majoritaire de la projection colorée. Les jambes sont réalistes et à l’arrêt.

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Je veux créer l’illusion un peu étrange de la présence d’un individu, un de nos semblables, un spectateur dans l’espace d’exposition. C’est l’observateur silencieux, immobile, qui génère une présence insolite, un regard qui pèse sur les passants entre lui et l’animation.
Le scénario de l’animation est agencé en épisodes colorés et cet observateur immobile est également présent à plusieurs reprises, il contemple la scène et prend la couleur de l’interaction en cours. La sculpture est sa réplique en trois dimensions, mi abstraite mi figurative, et le pont physique entre l’écran et les spectateurs.

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Vue de l’installation dans l’exposition Panorama 16 – SOLUS LOCUS, 2014

Carnet de croquis

Plongez dans le carnet de notes de Pauline de Chalendar à travers le diaporama ci-dessous.

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Pauline de Chalendar


Après des études d’art à Épinal puis à Nancy, Pauline de Chalendar développe au Fresnoy un intérêt pour les nouveaux médias dans la pratique du dessin contemporain. Elle considère le dessin comme le moyen le plus intuitif de comprendre et d’interpréter le monde alentour.

Entre arts plastiques et outils numériques, elle
questionne dans son travail les relations entre l’intime et le collectif autant que le besoin d’un retour vers la nature.

Site web : vimeo.com/pdechalendar
Instagram : @pdechalendar

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Voir La ronde et le sillon

Vous êtes enseignant·e et vous souhaitez consulter ce film ou le diffuser dans un cadre pédagogique ? Merci d’écrire à l’adresse service-educatif@lefresnoy.net pour obtenir un accès en ligne au film.

Pour toute autre diffusion du film, merci de contacter Natalia Trebik, chargée de diffusion : ntrebik@lefresnoy.net

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En savoir plus sur le contexte de création au Fresnoy – Studio national des arts contemporains

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